Les mots sont impuissants devant la grandeur, l’étrangeté, la démesure de l’Antarctique. Il n’est pas un voyageur qui ne pose le pied sur ces glaces qui n’en revienne métamorphosé, comme bouleversé par cette violence des dimensions, des lumières. Ce monde suscite le rêve et le questionnement. Comme Yanek, j’ai du avoir recours aux images pour essayer de comprendre et surtout de raconter. Nous nous sommes rencontrés là-bas lors du tournage de mon premier documentaire sur les phoques de weddell. Je nous revois au sommet d’une petite île de l’archipel de pointe géologie en train de refaire le monde face à l’infini de ce que l’on appelle sur place « Le Continent ». Ces moments-là ne s’oublient pas, le temps a une saveur particulière et les conversations coulent par plaisir et peuvent durer longtemps. Pendant qu’on parle les yeux se promènent et se racontent des histoires au gré des lumières et des nuages. Avec ces photographies Yanek nous offre un peu de cet Antarctique intime que chaque hivernant porte à jamais dans son cœur. Ce n’est pas l’Antarctique des gens pressés, c’est l’Antarctique des gens qui y ont vécu, qui l’ont ressenti. Je retrouve dans ces images le charme indéfinissable de ce que l’on trouve là-bas et qu’on aime à jamais. Bon voyage ! Luc Jacquet Réalisateur de "La marche de l'Empereur" Oscar du meilleur film documentaire 2006 |