Exposition Traces de Vie
|
Critique de l'exposition "Traces de vie" par Saïto Tatsuya, Doctorant en histoire de l'art.
"Couper les motifs au bord de la photographie et représenter l’ « instantané» du mouvement, cela était impossible jusqu’en 1888, quand le premier Kodak est apparu. Il fallait attendre quelques instants pour prendre des photos. Donc Kodak, appareil photo permettant de saisir et fixer le fugitif sur un écran, fut une véritable révolution. Des photographies prises par Henri Rivière peintre japonisant, montrent de manière très claire ce qu’il voulait faire avec ce nouvel appareil : découper des personnages dans les rues parisiennes, et reproduire la fluidité (fig 1 et fig 2). La tradition académique occidentale de la peinture a longtemps obligé les peintres à créer un microcosme à l’intérieur d’une toile : l’espace pictural devait être complet. Et c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que les peintres impressionnistes sont arrivés à surmonter cette règle conventionnelle, en découpant des objets dans le cadre du tableau. La scène de la rue par Renoir (fig 3), ou de nombreuses toiles de Degas en témoignent (fig 4 et fig 5). Or, cette révolution picturale a été rendue possible grâce à l’estampe japonaise, u-kiyoe, que les impressionnistes adoraient (fig 6). Les estampes de Hiroshige, importées en France dès l’ouverture du Japon au monde extérieur au milieu du XIXe siècle, ont fortement influencé des artistes français. Le cadrage de la scène et du motif par Hiroshige, particulièrement, a été repris par les impressionnistes afin de peindre l’insaisissable de la vie moderne. Photographier le Japon avec une coloration impressionniste. On reconnaît chez M. Yanek Husianycia cette grande variété de sources artistiques. " Paris mai 2013 |